Au 3° jour de ce périple alpin fin août 2012, l'affreuse météo dans les Savoie nous pousse pour la 2° journée d'affilée vers les beautés du Val d'Aoste, avec au programme la longue VF de Valgrisenche, petit village perdu dans la vallée du même nom, très proche du barrage de Beauregard, d'une taille respectable.
Prequ'arrivés à destination, alors que nous prenons cet élégant cliché qui falli nous détourner du droit chemin, une gentille petite dame toute prévenante arrêta sa voiture à notre hauteur, pour nous demander dans un français très correct si nous étions perdus ou si nous avions besoin d'aide :) Hum, merci, ça devrait aller :)
Cette VF, d'une longueur sérieuse (4h de progression câblée, suvie de 2h de retour par sentier) est découpée en 4 tronçons enchainés de plus ou moins une heure chacun, intercalés d'échappatoires.
L'accès est aisé, après avoir traversé le village et avant le paravalanche, on prend l'épingle sur la droite. Le parking (Parcheggio) de la VF se trouvent au point le plus haut de la route, tout près d'un batiment abritant une fabrique de fonte.
Quelques marmottes jouent à 50 mètres de nous...
Au moment de nous câbler, nous nous trouvons à quelques mètres du mur de la fabrique, percés de fenêtres, ... à travers d'une des quelles un très joli sourire féminin, aussi inconnu qu'inattendu, nous souhaite un bon courage, à l'aide de généreux signes de la main :)
Il s'agit de ma première VF en Italie. Les VF italiennes, on m'en parle depuis des années, souvent décrites de la sorte : "Les VF en France, on est là pour s'amuser, alors que les VF en Italie, on est là pour passer".
En effet, les VF françaises ont pour but d'être ludiques et variées (Ponts en tout genre, dévers techniques et physiques, etc...) alors que les VF italiennes ont pour vocation de relier 2 points de manière efficace et directe, sans aucun artifice ludique inutile.
En l'occurence ici, on monte de manière très directe et verticale vers le sommet. Elle est suréquipée, je n'ai jamais vu autant de ferailles. La moitié des barreaux est complètement inutile !
(A noter au passage, pour les fous de cordées, que cette VF est dépourvue de queues de cochon).
Elle a l'avantage d'être en parfait état, mais offre le léger inconvévient du choix de supports de câbles... ces 2 petites vis tournées vers le haut (On en voit sur la photo précédente), dans lesquelles les mousquetons viennent sans cesse se coincer !
Rien de bien grave, mais assez agaçant vu la fréquence proposée de mousquetonnage ! Dans les passages verticaux, les sections de câbles sont toujours bien inférieures aux 4m habituels .
La météo est sèche mais couverte, un petit ciel bleu au loin nous donne l'espoir d'un large soleil.
En route dans le premier tronçon, portés que nous sommes par ce joli sourire inattendu :) ( oui bon ça va on a compris ;p ) un autre élément inattendu viendra nous rappeler l'austérité de ces lieux : Le vent.
Un vent de dingue qui balaie sans cesse la paroi, et qui rend notre progression on ne peut plus rigolote :)
Comme dirait mon acolyte Gaet : "J'avais besoin d'une main pour la paroi, et de l'autre pour tenir mes lunettes pour éviter qu'elles ne s'envolent" :)
Un piaf Via Ferrateur, c'est pas courant. Comme vous pouvez le constater, il est noir avec la queue rouge: C'est donc (parait-il) un rougequeue noir (oui, les ornithos aiment bien à l'envers parler)...
Le barrage de Beauregard, qui barre la vallée sur toute sa largeur.
Rassurant : Poids de la neige ou projectile venu s'écraser là ?
Arrivés au terme du premier tronçon, nous faisons un petit pic-nic bien à l'abri du vent, au pied d'impressionantes voies d'escalade surplombantes ! Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre, petits padawans que nous sommes :)
Malgré le froid qui s'intalle durablement, et les gouttes d'eau qui font leur apparition, je ne peux résister à l'envie d'aller jeter un oeil dans le 2° tronçon. Il a un dénivellé identique au 1° (230m), je devrais donc en venir à bout en moins d'une heure.
On remonte d'une centaine de mètres ensemble le sentier de randonnée numéro 17, pour finalement me câbler seul, Gaet en reste là.
En guise d'accueil, toujours ces violentes bourrasques, accompagnées désormais de neige fondante. Très rock'n roll cette progression, belle expérience :)
Ce tronçon est tout aussi suréquipé que le précédent.
Il neige donc... sur les sommets dans mon dos, bien plus haut que moi, ça commence à tenir.
Au loin ça semble se dégager, ça me donne l'espoir d'un accalmie :)
Bref passage étonnant, doté de deux lignes de vie.
Et toujours les flocons de neige fondante.
Je viens à bout de ce deuxième tronçon en 50 minutes... au bout desquelles un généreux soleil m'accueille vers 2.200 mètres d'altitude :)
Ce n'est pas du luxe, le froid est piquant (A vue de nez, il fait 3 ou 4 degrés), et je suis trempé. Mes mitaines se dégorgent généreusement d'eau chaque fois qu'elles sont pressés contre le métal, dans un bruit proche d'un sifflement de serpent. Il est clair qu'il est temps de rebrousser chemin car je ne suis pas équipé pour le froid, ... mais avant j'emprunte par curiosité le sentier qui mène au 3° tronçon.
Il est là-haut quelque part...
Puis demi-tour direction le 2° échappatoire. Ce dernier s'avèra vite être... assez dangereux, c'est le moins que l'on puisse écrire. Car avant de rejoindre le sentier 17 un peu plus bas (Sortie commune avec le premier échappatoire), la descente s'avère glissante, dans une généreuse végétation aussi trempée que moi. Quelques cordes assurent certains passages rocheux... mais l'ensemble est déraisonnablement dangereux. A proscrire par temps humide.
Pas étonnant que ce sentier ait reçu la même cotation que la VF.
A nouveau le barrage.
Descendre...
Avant de quitter le coin, petits détours par le centre du village de Valgrisenche, par le barrage, par le hameau de Surier.... après avoir courageusement évité à nouveau bien des tentations, décidemment !
Dans cette région d'Italie, toutes les façades d'église sont peintes.
Monument des 2 guerres mondiales (dont la 15-18 ! Et oui, elle éclaté ici bien plus tard que chez nous !), rédigé en français.
Tout celà par un temps gla-cial.
Je repartirai vers la France, avec un goût de curiosité inassouvie :) Seule la moitié de la VF a été parcourue, le tronçon sommital culminant à 2.600m. Altitude où la température aurait été négative ce jour. Pas de regret à avoir bien sûr, mais une immense envie d'y revenir un jour... A nouveau, nous repartons avec une VF incomplète dans les jambes et les bras, poussés à la raison par des conditions météo défavorables. C'est la 2° fois d'affilée dans ce périple Alpin, pas de chance.
La sagesse, la prudence et l'humilité restent des qualités primordiales dans cet environnement.